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Le déni de grossesse

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Comment soigner le déni de grossesse ? Notre approche psy aborde le terme « déni » dans ses acceptions psychanalytiques.

Je travaille depuis 2013 sur le déni vu du côté de l’enfant. Cette approche a donné lieu à des restitutions devant mes pairs dans le cadre de ma formation de psychanalyste.

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Le déni de grossesse est le comportement de négation du fait d’être enceinte que présentent certaines femmes en raison de la véritable méconnaissance de la grossesse, les changements liés à la grossesse étant biologiquement réduits.

Des femmes « normales »

Le déni touche des femmes de tout âge, quel que soit le niveau social, la situation familiale ou le niveau d’étude. Des femmes déjà mères pour plus de la moitié d’entre elles. Les femmes concernées sont d’une « normalité » désarmante, ce qui rend le phénomène encore plus troublant. Ces femmes portent donc en elles un enfant, parfois jusqu’à la naissance, sans le savoir. Car leur corps n’en laisse rien deviner. Les signes de grossesse sont soit absents, soit diminués. Les mouvements du bébé sont perçus comme des coliques, les quelques kilos pris comme le résultat de petits excès. Certaines femmes continuent à avoir leurs règles.

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Les aspects médicaux

Faute de la conscience d’être enceinte, le ventre ne peut pas grossir visiblement et la grossesse peut passer inaperçue de l’entourage. Quand le bébé commence à bouger, la femme n’y prête pas attention ou interprète ces mouvements comme sans lien avec une grossesse. L’enfant, au poids généralement normal à la naissance, se loge en position debout, dans un utérus resté vertical près de la colonne vertébrale. Au moment de l’annonce du déni par le médecin et la prise de conscience par la femme qu’elle est bien enceinte, son corps peut alors se transformer en un temps record. Le déni de grossesse est partiel lorsque la grossesse est découverte à partir du cinquième mois de grossesse et le déni de grossesse est total lorsqu’il est constaté à terme. Aucune statistique portant sur les conséquences sur la santé du bébé n’existe, mais on considère que celles-ci dépendent de la durée du déni. Quand le déni dure jusqu’au terme de la grossesse, l’accouchement est un choc psychologique très important pour la mère qui n’a pas pu se préparer à l’accueil de l’enfant. Le travail est souvent très rapide et perçu comme un besoin d’aller à la selle : ces bébés naissent souvent dans les toilettes. La mort du bébé peut survenir de manière accidentelle par manque de soins, suite par exemple à un traumatisme crânien, ou être provoqué par la mère. Cette confrontation brutale avec la réalité peut occasionner une panique porteuse de pulsions infanticides : le néonaticide concernerait moins de 10 % des dénis de grossesses. Dans certains cas, la mère croit son enfant mort-né et s’en débarrasse alors qu’il est vivant.

Une grossesse sans grossesse psychique

Alors que la psyché interdit la prise de conscience de la grossesse, le corps réagit en positionnant différemment l’utérus. Un corps qui porte un enfant. Une tête qui ne le sait pas. Devenir mère est un processus qui s’élabore pendant 9 mois. Les femmes se rendent compte qu’elles sont enceintes, puis le corps change et peu à peu, elles sentent la présence de l’enfant et commencent à devenir dans leur tête des mères. Dans le déni, cette grossesse psychique n’a pas lieu.

La grossesse renvoie à des traumatismes

Souvent ces femmes ont des traumatismes en lien avec la grossesse tels que perdre sa mère alors qu’on est enceinte d’un premier enfant, des abus sexuels vécus si jeunes que la femme ne s’en souvient pas, etc. Il faudra aller chercher dans l’histoire de chacune de ces femmes les raisons profondes de ce déni.

La psy qui guérit, livre de Valerie Sengler, psychanalyste EMDR-TABC

Refus d’être une femme

Le rapport au corps, à la sexualité est ici prédominant. Souvent le corps n’est pas réellement accepté car avant le déni de grossesse, il y a souvent le déni du corps.

L’enfant

L’enfant passe au second plan comme si ce qu’il avait vécu dans le ventre maternel n’avait que peu d’importance. Qu’il ne pouvait y avoir de répercussions psychologiques et que somme toute le fait d’être vivant, si le déni a existé jusqu’à terme, était déjà bien ! La société n’a pas envie de s’interroger sur ces enfants et leur devenir. Elle se charge des mères qui décident de garder leur enfant.

Répercussion au niveau psychologique : l’Autre est potentiellement dangereux

Nous allons examiner les conséquences du déni sur l’enfant au regard du lien avec sa mère car le lien se fait dès la conception de l’enfant. La femme désire un enfant et commence à fantasmer celui-ci quand elle pense être enceinte. Elle va visualiser ce fœtus et va donc par ses pensées, ses actes mais aussi ses rêves être en complète symbiose avec cette nouvelle vie. Le fœtus va ressentir toutes ses émotions, l’amour de cette femme pour lui et va pouvoir se développer harmonieusement dans ce ventre doux et chaud. Il est dans une logique de vie aimante et harmonieuse. Dans le cas du déni, il semble que le fœtus qui dès la conception est connecté à l’inconscient de la mère, se rend tout de suite compte qu’il est en danger d’être découvert et donc d’être anéanti. Il va par son développement en longueur se cacher dans ce ventre et sera « tel un enfant immobile dans une chambre vide et froide ». Cet enfant sera en proie à la peur et vivra ces 9 mois avec ce risque de mort. Ces enfants sont souvent des enfants qui auront peur de jouer, de parler, de bouger car vivre signifie pour eux : risquer de mourir. Ils auront des difficultés à aller vers l’Autre car l’Autre est potentiellement dangereux.

L’attachement

Une étude menée par Belsky en 1984, révèle que certains aspects de la personnalité de la mère mesurés avant la naissance du bébé, permettaient de prédire le style d’attachement de l’enfant. Il a ainsi été prouvé que les perceptions que les mères avaient de l’enfant avaient un pouvoir prédictif sur le type d’attachement de l’enfant. Ces résultats tendent à confirmer que la mère a une influence prépondérante sur la formation des stratégies d’attachement de son enfant. Alors, quel type d’attachement se met en place lors du déni ?

Les enfants issus d’un déni auraient un comportement d’enfant « anxieux-évitant ». Leur particularité réside dans le fait que contrairement à tous les autres enfants, ils continuent à se focaliser sur leur environnement malgré la situation de détresse dans laquelle ils se trouvent lorsque dans une expérience on les a privés de leur mère. Ainsworth récuse l’idée que leur absence de réaction dénoterait une inexistence ou une faiblesse du lien d’attachement à la mère. Il est plausible qu’au-delà d’un certain seuil, l’enfant éprouve une telle anxiété qu’il doive désactiver son système d’attachement pour la gérer. L’existence de sa détresse a été confirmée par la mesure du rythme cardiaque, celui de ces enfants étant alors très élevé.

Conséquences physiques au niveau de l’oreille

Ces fœtus ne seront donc pas, par la force des choses, stimulés au niveau de l’écoute, l’oreille ne sera parfois pas complétement mature. L’enfant sera «  sous un feu d’artifice sonore » et aura énormément de mal à discriminer les sons. Il aura de ce fait souvent un retard de langage.

Les aides thérapeutiques

L’haptonomie

L’haptonomie est une technique qui va consister à masser l’enfant pour lui faire prendre conscience de son corps et ainsi l’intégrer. C’est un excellent point de départ au long chemin de résilience. Cette méthode viendra réparer par des contacts, caresses et gestes et donnera ainsi au petit ce qui ne lui a pas été prodigué pendant les 9 mois de déni.

Un travail psychanalytique

Un tel travail peut se faire à partir de la naissance de l’enfant, mais aussi plus tard y compris quand il sera adulte.

Le praticien pourra également faire revivre, mais dans des conditions rassurantes et douces l’accouchement, de façon à réparer ce vécu, qui est par sa nature même traumatique et qui dans le cas du déni l’est encore bien plus.

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A lire sur le site :

[Article initialement publié en mai 2016, republié depuis]

A propos de l'auteur psy...


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2 comments

LESOEURS says:

Article très interessant. Je suis psychothérapeute et psychanalyste didacticien en Provence et je supervise des étudiants en psychanalyse et leur mémoire de fin de cursus. Karine, une de mes mémorantes a choisi comme sujet le déni de grossesse. Elle s’intéresse surtout aux conséquences pour l’enfant. Le déni de grossesse n’est pas un sujet très travaillé. Il y aurait un déni du déni de grossesse par le corps médical. Avez-vous une bibliographie conséquente sur le déni de grossesse qui pourrait nous aider moi à la guider et elle à orienter ses recherches.
Merci et bien confraternellement
Guy Lesoeurs

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