Edmund-Carl, psy repoussoir illustre des pratiques parfois contestables en cabinet. Ce psy dogmatise, voit le monde sous l’angle du nombril de son expérience et infantilise le patient.
Edmund-Carl aime les enfants. Il aime infantiliser ses patients afin de rester sur son adulte, imposant une figure d’expert, nécessaire étape à la manipulation. Alors, le psy téléguide. Il n’indique pas où commencer à raisonner, il fixe les étapes en gérant les consciences et même, parfois, le parcours de soins… auprès de confrères complétant son portefeuille thérapeutique : EMDR, hypnose… car vous êtes, comme dans Le médecin malgré lui, un éternel malade perclus de « bombes psychiques » qui peuvent exploser à tout moment… Du haut de son piédestal, Edmund-Carl ne conçoit pas que vous êtes autre, différent, avec une identité spécifique, humain. Justement, le propre des sciences humaines est de s’adapter pour comprendre, comprendre pour adapter sans cesse ses pratiques. Alors le soignant ne peut envisager que vous puissiez être amené à guérir ou à réduire vos traumatismes par d’autres moyens, via d’autres étapes que ceux qu’il a pu utiliser. Edmund-Carl ne joue pas à l’explorateur, il jongle avec les explosifs que sont les souffrances, les doutes, les peurs du patient. Il ne peut comprendre qu’un autre chemin est possible car cela viendrait bouleverser son expérience et sa congruence : il y aurait dissonance.
Edmund-Carl dogmatise. Cela l’aide à soupeser en fonction de son vécu. A décider dans ce qui paraît une incertitude aux yeux des « non initiés » et qui, pour lui, semble clairement dessiné. Pour lui, un symbole signifie une chose. Edmund-Carl exclut l’écoute profonde pour s’attacher à des signaux, il se détourne d’une approche souple, privilégie une vision monosémique, presque sectaire, qui l’aide à décider vite autour de critères personnellement considérés comme solides qu’il s’attache, en tant qu’expert, à déconstruire en formation-supervision et à étayer, à pérenniser en consultation.
Edmund-Carl sème. Il sème des piques et le trouble, invite le patient à se prendre en main, à déterminer son futur (pourtant, Sartre n’a jamais ouvert de cabinet d’analyse), l’amène à culpabiliser. Car oui, si le patient continue à ne pas bien aller, si son conjoint continue à le frapper, si ses enfants pètent les plombs, si ses addictions continuent, c’est de sa propre faute. D’ailleurs son histoire, ré-abordée à chaque séance de la cure (forcément longue) le rappelle à l’envi.
Edmund-Carl a toujours raison. Oui, il a raison quand, de façon sous-jacente, il sait que seul le patient sait, car il vit ce qu’il dit. Mais Edmund-Carl peut-il décemment le reconnaître sans remettre constamment en cause sa posture, les fondements de son raisonnement, les piliers de sa pratique, avec réflexivité ?
C’est alors qu’Edmund-Carl, pour rester conforme à l’image qu’il a de lui-même, écorne celle de la profession et déprécie la confiance que les patients portent à leur soignant dans le traitement de leurs troubles.
Article écrit à quatre mains :
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