Mon article a été publié dans Les Echos Le Cercle le 29 août 2018.
Cet été, vous avez, peut-être difficilement certes, mis de côté vos mails, vous avez procédé à une job détox, vous avez peut-être réévalué votre régime alimentaire, pris des résolutions de rentrée… Et vous apprenez que la rentrée provoquerait un blues, par analogie, peut-être au bien réel baby blues. Mais c’est confondre les maux et les considérer comme équivalents…
Stress de rentrée, futilité ?
Les inquiétudes en période de rentrée concernent souvent les dossiers en cours, les nouveaux collègues arrivés pendant les congés, la disposition modifiée des bureaux, le pilotage des réunions par vos collègues parfois peu respectueux, la pression du conformisme, l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle…
Mêlant anticipations, projections, fantasmes, « plans sur la comète », éléments réels car validés par l’expérience mais fortement soumis à des biais cognitifs, elles contribuent à des mini stress qui peuvent perturber le sommeil et les pensées à quelques jours de la rentrée.
Mais, comme l’an passé, vous saurez gérer ces désagréments et les considérer tels de petits tracas qui ne vous empêchent pas d’avancer. Vous garderez la tête froide sans suivre les injonctions de la post-modernité car tout ne se contrôle pas à 100% dans un objectif de performance, d’efficacité, de maîtrise… Pain béni pour les communicants de la psy artisanale post-estivale qui savent transformer un bobo au doigt en septicémie et mobiliser arguments et croyances « rock’n’roll ».
Les peurs et angoisses de la rentrée : à travailler
Harcèlement par un pervers narcissique, syndrome de l’imposteur, bashing en entreprise, souffrance au travail ont, par contre, un fort impact sur la personne et son entourage, génèrent des sentiments et attitudes négatifs : manque de confiance en soi, dépréciation de l’estime de soi… Ils causent des comportements irritables, sensibles, des pleurs, voire parfois un burn-out, mettant en péril la personne.
Alors oui, un travail psychologique est dans ce cas nécessaire pour protéger l’individu, pour le rendre solide et trouver des solutions aux souffrances endurées, aux violences subies. Décemment, il ne s’agit pas alors ici de blues…
En conclusion, le blues de la rentrée vendu par certains psychothérapeutes est donc non seulement une prophétie qu’ils aimeraient auto-réalisatrice, mais aussi une insulte à l’intelligence des personnes, des patients, et à la souffrance des victimes de violences au travail.
Article écrit à quatre mains :
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